Le périple des Bouseux

Expédition pour les marais silencieux, hiver/printemps 41

Rédigé le Simersta, le 21 du mois de Menluna, an 43

Cette expédition, la seule que j'ai à mon actif présentement, ne m'a pas laissé plaisants souvenirs. J'étais plutôt en passe d'essayer de ne pas m'en rappeler, pour certains détails venant hanter mon sommeil des nuits durant. Je m'excuse donc avant même de commencer si certains passages paraissent flou, si certaines choses semblent manquer.

Si je couche cette expédition sur le parchemin aujourd'hui, c'est pour éviter que d'autres se livrent aux même erreurs que nous.

Objectifs d'expéditions

Ce périple des bouseux remonte à bien loin maintenant, un an? Surement deux...

Tel était le nom que nous avait donné Hrowaka le hobbit, chef et organisateur de l'expédition. Avec lui, nous étions en tout sept:

Grimlin, Khelben et un minotaure dont ma mémoire n'a hélas souvenance de son nom, étaient chargé de notre protection en tant que guerriers;

Un couple de ranger, Nathaniel et Lily pour nous guider dans les contrées extérieurs;

Moi-même, Gareth, en qualité de guérisseur.

Notre expédition avait plusieurs objectifs dont le premier était à l'origine du nom de notre groupe. Dame Ginger Ambre, pour son établissement de soin, recherchait de la boue volcanique comme on en trouve dans notre Groupe.

De façon parallèle, Lily récolterait de l'écorce d'un certain arbre pour un alchimiste de ses amis, et si nous en avions la possibilité, nous repérions l'emplacement d'un campement d'orcs et gobelins installé récemment dans les environs de notre cité.

Je ne vous cacherais pas, peut de choses se passèrent comme nous le pensions. Nous partîmes sous le signe du Kraken¹, roulant devant nous deux tonneaux fournis par l'auberge du lutin danseur. L'un d'eux était plein, Grimlin et d'autres buveurs de Diasta se révoltant de gâcher son précieux contenu. Il fut décidé qu'il sera alors bu en cours de route ou au pire avant qu'on ait à le remplir de boue.

Vers les marais silencieux

La première journée se passa sans anicroche, laissant Vahal et ses champs sous la neige derrière nous, avançant plein sud. Mais déjà, lors de la première nuit, les choses se gâtèrent. Un ours affamé au sorti de l'hibernation, surement attiré et alléché par l'odeur de nos vivres, entra dans le campement que décidèrent de protéger vaillamment nos guerriers.

Le résultat fut à la mesure de la faim de l'ours: celui-ci trépassa, ayant eu le temps de faire deux si ce n'est trois blessés graves et un léger. J'opérais mon art de guérisseur, les mettant rapidement sur pieds et durant ma veillé dressa des prédictions astrologique, guère fameuse...

Au deuxième jour, alors qu'elle récoltait de l'écorce, Lily tomba nez à lance avec Sulik, homme des montagnes et natif de ces régions. Pour tout dire, il était du plus impressionnant: une taille avoisinant les deux mètres, un corps musculeux pour moitié couvert de tatouages tribaux. Il avait aussi une étrange façon de parler, s'exprimant à la fois en son nom et en celui d'autres (des esprits ancêtres si mes souvenirs sont bons) en un ''nous et nous''.

Vous l'aurez deviné, Lily fut juste quitte pour une bonne frayeur, et Sulik devon notre guide dans ces régions. Le reste de la journée se passa sans anicroche, excepté que la viande d'ours bataillant encore dans nos estomacs.²

Il n'eut rien à signaler durant notre deuxième nuit, mais le troisième jour, nous repérâmes une patrouille composé de deux orcs et un gobelin. Nos guerriers et Sulik se dissimulèrent dans des buissons et j'ajoutais à leur camouflage un peu de brouillard. Nous pûmes les intercepté rondement, les orcs furent occis et le gobelin capturé pour être interrogé. Mais là se posait le problème de la barrière des langues, aucun d'entre nous n'entendait quelque chose de sensé en ce que notre prisonnier pouvait dire.

Le soir, le tonneau fut vidé joyeusement et il fut décidé de nous séparer. Les uns restaient pour tenter d'interroger le gobelin, les seconds iront dans les marais tout proche chercher la boue.

Je fus des seconds, ainsi que Lily et Khelben. Je vous épargnerais ces longues heurs harassante sur un sol en plein trouble de la personnalité, oscillant entre l'envie de se faire boue ou eau trouble. L'odeur de vase et d'eau croupie nous prenait à la gorge, les moustiques et autres suceurs de sang nous harcelaient sans discontinuer.

Nous en revîmes crotté jusqu'au coup et même au-delà, avec cette odeur nauséabonde qui nous collait à la peau et plus de piqures sur le corps que je n'aurais cru qu'il était possible. Je ne sais ce qu'il est advenu de notre prisonnier, et si en notre absence ils avaient pu en tirer quelque chose, le fait est qu'il n'en restait nul trace à notre campement.

Du retour vers Vahal

Ce fut au retour que les choses se gâtèrent. Alors que nous revenions sur nos pas, roulant nos tonneaux de boue devant nous, nous tombâmes sur une escouade d'orc. Était-ce des renforts, venu aux nouvelles de la patrouille disparue?

Ni une, ni deux, nos guerrières chargèrent, Sulik suivit le mouvement bon gré mal gré. Les rangers prirent position en hauteur, alors que Hrowaka se mit à l'abri à quelques distance, un barde n'ayant pas sa place dans ce genre de situation. Je me trouvais à mi-pente, entre le cœur de la mêlé et nos archers, appelant un mur d'eau pour essayer d'offrir certaine protection à mes compagnons, c'était tout ce que je pouvais faire.

Mais le sort attiré l'attention des orcs, et l'un d'eux s'en prit à moi avant que je ne trouve une échappatoire. Je retrouvais Hrowaka, la vision rougit par le sang qui me coulait sur le visage. Mon propre sang... mais ce n'était rien par rapport à ce que j'avais laissé derrière moi, j'avais vu le fier minotaure tomber, nos guerriers en bien mauvaise posture, mais ignorais comment les choses tournaient.

Un peu plus tard, Lily nous retrouva, heureusement idem. L'issu du combat était maintenant certaine, nous ne pouvions prendre le risque de nous attarder dans les environs. Je me soignais rapidement et nous repartîmes, ou plutôt, nous prîmes la fuite...

Un jour ou plutôt deux passèrent, je ne sais exactement, j'avais d'autres préoccupation en tête. Depuis la débâcle, Hrowaka était plongé dans un mutisme sans fond, véritable pantin sans âme qui nous suivait. Lily et moi nous nous relayons les veillés, ne sachant que craindre d'avantage, les cauchemars d'un sommeil agité ou les longues heures à guetter les bruits de la nuit. S'ils nous retrouvaient, nous n'aurions d'espoir de pouvoir faire face à seulement nous trois...

Alors que nous cheminions l'échine basse et l'œil à l'affut, un cris retenti derrière nous. Un instant, nous avons imaginé le pire, offert à nos Dieux notre dernière prière, mais alors que nous nous retournions, l'effroi se mua en joie. C'était Sulik et Khelben, l'un soutenant l'autre, plus ou moins blessé, ce à quoi je pouvais y remédier.

Bilan de l'expédition

Nous marchâmes encore un jour ou deux, quand, arrivant au sommet d'une butte, la vu des environs s'offrit à nous. Droit devant, Vahal et ses remparts protecteur, ô combien accueillant pour nous autre exténué. Derrière nous, pas moins de dix orcs à nos trousses...

Ils nous talonnaient, nous courûmes de nos dernières forces jusqu'à la grande porte, et quand nous débouchâmes sur la grand'place, ils étaient juste derrière nous... Les vahaliens présent nous vinrent en aide pour les contenir, et j'appelais pour cet effet deux golems, qui en occirent chacun un. Il n'y eu pas vraiment de perte à déplorer, Qnsyl³ ressuscita le seul vahalien qui avait trépassé dans la mêlé.

Nous apprîmes que dame Ginger n'était plus, et ce, peu après notre départ. De toute façon, dans nos péripéties, nous nous étions allégé de la boue. Nous n'avons ramené en tout et pour tout de cette expédition qu'un peu décorce et Sulik...

L'histoire ne s'arrête pas là.

Hrowaka ne s'en remit pas, il disparu de Vahal peu de temps après notre retour. Sulik trouva du travail chez un bucheron, Khelben retourna à ses activités. Lily avait perdu son amour près des marais, mais par la suite, Cead⁴ lui apporta réconfort puis son propre amour.

Quand à moi, je suis retourné à mes études, ne songeant pas un jour que je ressortirais à nouveau des remparts de la ville.

 

1: pour ceux n'étant pas au fait de l'astrologie Edenyenne, il est associé à Menluna

2: nous avions cru bien faire pour économiser nos rations...

3: faune adepte de la magie de la vie. Elle prit à la suite de sieur Piotr la responsabilité du local des guérisseur. (pour votre sécurité, prenez garde à ne pas l'appeler dame)

4: homme des montagnes, fondateur de la guilde des explorateurs